On a pu lire ces derniers jours dans la presse qu’on venait de trouver une cause anatomique de la dyslexie. Si l’observation faite par deux chercheurs français est digne d’intérêt, elle ne permet en aucune façon de « percer le mystère » de la dyslexie. C’est ce que nous disent Eddy Cavalli, Svetlana Pinet et Stéphanie Ducrot, trois spécialistes de ce trouble de l’apprentissage de la lecture.
« Des physiciens de Rennes 1 ont percé le mystère de la dyslexie » (Ouest-France),
« La dyslexie nichée au fond des yeux » (Le Monde),
« Comment une ‘lampe magique’ pourrait soigner la dyslexie » (Le Parisien).
Le moins qu’on puisse dire est que la publication d’une étude de deux chercheurs français sur une cause potentielle de la dyslexie a suscité un certain emballement dans la presse grand public.
Les faits
Deux physiciens de l’université de Rennes 1, Albert Le Floch et Guy Ropars, pensent avoir trouvé une cause anatomique de la dyslexie.
Les deux chercheurs se sont intéressés à de minuscules récepteurs des yeux appelés « centroïdes de la tache de Maxwell », situés dans la fovéa. Chez les personnes qui ne sont pas atteintes de dyslexie, ces récepteurs sont asymétriques d’un œil à l’autre, créant ainsi deux signaux visuels différents entre lesquels le cerveau choisit pour créer l’image finale. Albert Le Floch et Guy Ropars ont remarqué que, chez les personnes dyslexiques, cette zone de l’œil était symétrique. Cette symétrie pourrait constituer une source de confusion pour le cerveau en créant des « images-miroirs » entre lesquelles il serait incapable de choisir. C’est en tout cas la conclusion à laquelle ils sont parvenus après avoir comparé deux groupes de 30 étudiants, l’un composé de dyslexiques et l’autre de non-dyslexiques.
A la suite de ces résultats, les deux chercheurs ont développé un dispositif permettant de faciliter la lecture des personnes dyslexiques. Il s’agit d’une lampe stroboscopique à LED qui permet d’effacer l’image miroir qui les gêne.
La critique de l’étude
A la suite de cette annonce sensationnelle, nous avons demandé à trois spécialistes de la dyslexie de commenter ces résultats. Il s’agit d’Eddy Cavalli, enseignant-chercheur en psychologie et sciences cognitives à l’université Lyon 2 (Labex Cortex), Svetlana Pinet, chercheure en neurosciences cognitives à l’université Johns-Hopkins de Baltimore, et Stéphanie Ducrot, chercheure au CNRS, Université d’Aix-Marseille (Labex BLRI)…
Lire l’intégralité de l’article sur CORTEX MAG…
Photo credit « Caméscope » : fiscorb on VisualHunt / CC BY-NC-SA